Multiculturalisme, diversité et inclusion : l'exemple canadien
Suite à un récent voyage sur l’île de la Réunion, un lieu unique au monde, caractérisé par la diversité de ses paysages, de son climat et de ses habitants, je me suis demandé s’il y avait d’autres endroits dans le monde où le multiculturalisme, la diversité et l’inclusion étaient aussi bien assimilés. Aussi, le but de cet article (qui pourra éventuellement se transformer en série) est de présenter des systèmes qui existent ailleurs dans le monde et qui peuvent nous inspirer, nous inquiéter ou nous donner envie d'en savoir plus.
Aucun pays ne détient la vérité en la matière. Rien ne fonctionne bien partout. Pour autant, le Canada dispose d'une réputation honorable sur la scène internationale. Pour comprendre comment le Canada gère ces questions de société, j'ai eu envie de creuser un peu son modèle.
Le multiculturalisme fait partie de l'ADN canadien
En 2017, Donald Trump interdit l’entrée des ressortissants de plusieurs pays musulmans aux États-Unis par décret. Le lendemain, le Premier Ministre canadien Justin Trudeau offre la bienvenue aux persécutés du monde entier dans un tweet. Voilà qui résume l'état d'esprit canadien : une opposition bienveillante aux truculences de Trump et de ses alter-egos.
Trudeau, toujours lui, résumait le multiculturalisme à la canadienne avec une anecdote lors d'un discours prononcé à Londres, peu de temps après sa prise de fonction : « un député participait à un programme d’échanges parlementaires à Paris. Des représentants élus du monde entier étaient présents. On lui a demandé à quoi « ressemblait » le Canada. Il était accompagné de quatre autres collègues, dont aucun n’était né au Canada sauf lui. Parmi eux, trois étaient des femmes et deux étaient des hommes. Deux étaient catholiques, un était musulman ismaélien, un était juif et ses parents étaient des survivants de l’holocauste et un autre était un ministre protestant gai. L’un d’eux était né en France, un autre au Portugal. Un autre était né en Argentine. Un autre en Tanzanie. Il a pointé ses collègues et a dit : « À cela. C’est à cela que le Canada ressemble. »
Ce qui a fait la réussite du Canada, c’est que la diversité n’est pas un obstacle à surmonter ou une difficulté à tolérer. C’est plutôt un moyen incroyable de gagner en force.
Cette publicité est tout aussi révélatrice de l'apaisement général sur le sujet, où une infirmière voilée illustre la promesse d'un hôpital ontarien avec la phrase "nous ne nous intéressons pas à ce qu'il y a sur votre tête, mais ce qu'il y a dedans".
En fait, le multiculturalisme est presque un non-sujet. C'est un état de fait. C'est normal. C'est accepté. Quand on est sur place, les Canadiens sont même surpris de la raison qui peut pousser un Français à s'intéresser au sujet, tant cela semble banal et accepté. Cela veut-il dire que tout est parfait ? Loin de là. Les crimes haineux, racistes et xénophobes existent aussi au Canada.
Pour autant, le Canada est un pays immense, grand comme quinze fois la France. Et cette diversité est aussi… diverse en elle-même, en particulier en raison des spécificités historiques, culturelles et langagières d'une province comme le Québec. Chez nos fameux « cousins d'Amérique », la question fait plus de remous que dans les autres provinces et territoires, en particulier avec le débat sur la laïcité et sa loi 21 entrée en vigueur en 2019 qui agite toujours la Belle Province.
Au Canada, on oppose souvent le multiculturalisme fédéral à l'interculturalisme québécois. Le Québec préfère ainsi l'acceptation, la communication et l'interaction entre des groupes aux cultures diverses avec la suprématie de la langue française comme valeur absolue.
Un peu d'histoire pour comprendre le multiculturalisme canadien
Pour comprendre le multiculturalisme canadien, il faut se plonger dans son histoire. Rassurez-vous, je serais bref ! Le pays compte trois peuples fondateurs : les Autochtones, les Français et les Britanniques, sur lesquels est venue s'agréger une population du monde entier.
Au début du 20e siècle, le pays a ouvert ses portes aux immigrants d'autres pays européens puis aux nouveaux arrivants d'Asie, d'Afrique, des Antilles, d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale.
Aujourd'hui, la diversité linguistique est au cœur du multiculturalisme canadien. 22% de la population parlent ainsi une autre langue maternelle que l'anglais, le français ou les langues autochtones.
Un sondage intitulé Focus Canada a ainsi montré que le multiculturalisme constitue un symbole de l'identité canadienne pour 54 % des Canadiens en 2015 (contre 37 % en 1997).
La clé de cette réussite ? Une intégration graduée et réussie qui se résume en une seule phrase : nul n’est obligé de renoncer à ce qu’il a été pour devenir Canadien. Pourtant, ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir vivre au Canada.
Une politique d'immigration sévère
Le Canada applique depuis longtemps une politique de sélection migratoire avec un système de points qui repose sur le mérite, les expériences, la maîtrise des langues officielles, la formation, etc.
Victor Armony, professeur de sociologie et codirecteur de l’Observatoire des diasporas du Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité et la démocratie à l'université du Québec à Montréal expliquait que lorsque la population perçoit le système d’immigration comme étant efficace et cohérent avec ses valeurs (peu importe si cette perception correspond entièrement aux faits), les attitudes envers la diversité ethnoculturelle demeurent plutôt favorables. En clair, plus les conditions d'entrées sont exigeantes, plus on peut accueillir favorablement les immigrés.
Mais les désillusions ne sont pas rares :
Conclusion : si ce sujet vous intéresse, je pourrais probablement me livrer à d'autres analyses avec d'autres pays afin de comprendre comment le multiculturalisme, la diversité et l'inclusion fonctionnent (ou pas).
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